Forgive the Past |U.C|

"Je ne raconterai qu'une seule fois cette histoire. Mais je ne permettrai pas que qui que ce soit d'autre puisse le raconter. La vie de Lin Tao, je suis la seule à pouvoir la narrer. Moi, sa mère. "
6 aout 1988. Il pleuvait cette nuit là. Accoucher à Taipei était la dernière chose que je désirai, mais je n'allais pas me refaire un voyage en direction de Seoul pour être plus à l'aise. D'autant plus que mon fils se devait d'avoir la nationalité taiwanaise. On a tous ses bêtes noires. Mon fils est donc né un soir de pluie. Ce petit malin a commencé le travail à 14 heures mais n'a daigné sortir que six heures après. Je dois dire que j'ai manqué à la première fonction d'une maman à ce moment là. Alors que l'infirmière me tendait la chair de ma chair, je me suis effondrée pour m'endormir comme une masse. Et mon fils est resté dans les bras d'une bonne femme qui ne savait pas à qui le confier. Ah oui. Parce que mon cher mari était absent. A ma demande, je ne voulais pas qu'il me voit en plein travail. Par la suite, on m'a apprit que j'avais dormi presque vingt-quatre heures. Au bout de ce temps interminable, j'ai finalement pu voir cette petite chose qui avait déformé mon corps pendant neuf long mois. Disons que son visage m'a surpris. Pour une raison étrange, lorsque j'imaginais mon fils, je ne passais jamais par la case "nourrisson". Dans mon esprit perturbé, je ne voyais qu'un garçon de douze, puis seize, et enfin vingt ans.
Je ne suis pas restée longtemps. C'est la main enfouie dans celle de mon mari qui lui portait Lin Tao que je suis ressortie trois jours après l'accouchement. Ma santé s'est détériorée quelques semaines après, mais rien de bien inquiétant. Non, ce qui l'était vraiment, c'était Lin Tao. Ce bambin a fait ses nuits dès sa sortie de l'hôpital. Jamais un pleurs. Jamais la moindre supplication. Peut-être avait-il compris avant moi que je ne lui témoignerai pas assez d'attention pour que ces crises qu'ont les enfants habituels me soient préoccupante. Les premiers mois, il passait sa vie à dormir. Ce qu'il pouvait m'agacer, à roupiller comme ça au font de son lit. Dès le premier jour, Lin Tao a dormi dans un lit deux places, comme les grandes personnes, et il avait sa propre chambre. Comme je l'ai déjà dit, la vision que j'avais toujours eu de Lin Tao était celle d'un jeune garçon, voire même d'un homme. A aucun moment je n'ai réfléchi au fait qu'il faudrait répondre à des besoins spécifiques des bébés durant les premiers mois, voire années, de sa vie. Mon mari pas plus que moi, ou en tout cas n'a-t'il pas jugé utile de m'en informer. C'est donc traité depuis toujours comme un mini adulte que Lin Tao a grandi. Nous n'attendions de lui qu'une chose: qu'il vive sa vie sans empiéter sur la notre. Pour tout vous avouez, nous n'avions pas eu le désir d'avoir d'enfants. Cette grossesse fut ce qu'on appelle une... très mauvaise surprise. Mais notre façon de réagir à la situation fut celle que nous avons toujours eu: insouciante. Immature. Je n'ai vu aucun médecin, aucun renseignement. Jusqu'au jour J, où la violence a été si immense que j'ai compris que je n'avais plus le choix. Vous avez déjà essayé de donné un nom à votre chien ? Sur quel critères vous basez vous ? Nous avons agi de la même manière. Je sais, nous ne sommes pas les parents formidables que nous aurions du être. Mais nous sommes... Des enfants. Parfois, je réalise que cette créature sortit de mon ventre est plus agé dans sa tête que moi. Moi qui ne vit que pour l'homme que j'ai aimé puis épousé. Lin Tao ne représente pas grand chose à mes yeux. Nous sommes un couple plus unis que tout ce qui nous a été donné de voir jusqu'à présent, mais cette solidité a un prix. Nous sommes seuls.